(Espagne, Maroc) Kms parcourus : 105 ; Argent dépensé : 45 Eur
Je me réveil au milieu de la nuit et je constate avec horreur la disparition de mon sac, pourtant placé à mes côtés. Il ne me reste que ce que j'avais sur moi, c'est à dire mes papiers, mon argent, mon appareil photo et mon carnet de bord. Je suis désespéré mais surtout en colère. En colère contre moi même, contre ma naïveté et mon inconscience. Mon projet est fortement compromis. Je fais le tour de la place, interpelle en vain les rares passants. Soudain, un homme me fais signe au loin d'aller voir dans une petite rue adjacente à la place. Cet homme, qui était probablement mon voleur, a complètement vidé mon sac. Il cherchait sûrement de l'argent ou des papiers et n'a rien pris, à l'exception de deux tee-shirts. Je souffle de soulagement, range tout en vitesse, et retourne m'assoir, l'air hagard, incapable de faire quoi que ce soit. Un des passants que j'avais interpellé il y a quelques minutes reviens me voir et me propose gentiment de finir la nuit dans son appartement. C'est immense et environ 10 immigrés boliviens sont entassés ici. Le type est vraiment sympa et fait tout pour me mettre à l'aise. Au réveil, il m'offre le petit déjeuner et la douche. Mon bateau pour Ceuta part à 11h00, je fais la connaissance dans la gare maritime de Saidi, prof d'espagnole marocaine qui rentre au pays après des vacances au pays de Don Quichotte. Nous discutons du Maroc, du traditionnalisme et parfois de l'hyprocrysie d'une société où l'appararence joue un rôle très important, selon ses dires. Elle m'éclaire sur les droits de la femme au Maroc, avec les nouvelles lois promulguées par Mohamed VI (forte limitation de la polygamie, marriage interdit avant 18 ans, enfants hors marriage reconnus). Arrivés à Ceuta, nous sommes dimanche et ce n'est pas la cohue et le chaos que l'on m'avait maintes fois décrit. Je suis accompagné par Saidi, cela m'aide surement beaucoup et nous passons la frontière marocaine en moins de dix minutes, ce qui semble quand même assez anormal. Saidi me paie le taxi collectif jusqu'à Tetouan. La scène est plus que comique. Tout commence par la négociation du prix de la course et je me retiens pour ne pas exploser de rire devant la comédie qui se joue alors. Nous sommes finalement 7 dans le taxi, trois devant (dont le chauffeur), quatre derrière et le taxi driver me passe l'unique manivelle de la voiture pour ouvrir la fenêtre. Arrivé à Tetouan, je quitte Saidi qui me conseille de pousser jusqu'à Chefchaouen, petit village situé sur les contreforts du rif. Je souhaite auparavant prendre une collation dans la médina de Tetouan. Et là, c'est le choc. Un choc culturel qui décoiffe et qui laisse sans voix. Je me sens très mal à l'aise, des personnes m'interpellent constamment, des odeurs nouvelles agressent mes narines, des poules encore vivantes sur les étals poussent des cris stridents. Un type, d'apparence plus classe que les autres me propose de le suivre pour prendre un thé. J'accepte naïvement et c'est moi qui doit régler la note à la fin de cette petite douceur. Il m'entraîne ensuite dans les rues de la médina et n'y va pas par quatre chemins : la vie ou la bourse. Je lui lâche terrifié 50 dirham avant qu'il ne disparaisse dans le dédale de rues. Cela commence à faire beaucoup en 24h, je dois redoubler d'attention. Désormais, je n'adresse plus un mot aux personnes qui me racolent. Je laisse ainsi planer le doute sur ma nationalité, c'est déjà une petite sécurité. Si j'ai besoin de renseignements, je prends l'initiative de demander et cela passe beaucoup mieux. On apprend rapidement après des expériences comme celle là. Ces derniers évènements ne me motivent pas pour commencer le stop et je file en taxi collectif pour Chefchaouen. Le chauffeur roule comme un fou sur des routes montagneuses et n'hésite pas à doubler dans des virages sans visiblité. Je retiens mon souffle systématiquement, cela passera, inch Allah ! Une fois arrivé, je me réfugie dans l'ambiance feutrée d'un cyberfcafé pour mettre à jour mon blog. cela rame énormément, je mettrai les photos en ligne un autre jour. Il fait déjà sombre, je me hâte pour trouver un hotel à 4 euros la nuit. A ce prix, la douche est sur le palier, et gelée en prime. Je me joins à un groupe d'étudiants britannniques qui squattent la terrasse de l'hôtel. A 20h, l'appel à la prière du muezzin retentit dans toute la ville. Je n'ai pas rêvé, je suis bien au Maroc. Mes compagnons d'un soir m'invitent à déguster une tagine sur la place Mohamed V. Avec le retour de la fraîcheur, les rues s'animent de plus en plus et nous déambulons dans la médina qui ressemble à une véritable caverne d'Ali Baba. Fin de soirée sur la terrasse, à jouer aux échecs avec un indien britannique.