(Brésil) Kms parcourus : 400 ; Argent dépensé : 4 Eur

Je suis posté à la sortie de la station dès 7h00 ce matin. La motivation clairement affichée diminue au fil de la matinée et des ondées. A 10h00, je retourne m'assoir, dépité, au bar de la station. J'amorce la conversation avec un vieux brésilien. Je ne pipe pas un mot de ce qu'il raconte, il a un accent terrible et lui ne semble pas non plus de son côté comprendre grand chose à mon charabia. Mais je continue à parler, il y a du monde autour et je suis la curiosité. Mon stratagème à deux Reais finit par marcher, un chauffeur vient discuter et me propose une place. Il va à Recife. C'est au nord de Salvador, j'exulte, cela était inespéré. Luis a 36 ans, père de famille, il passe le plus clair de son temps sur les routes, entre Rio et le Nord du pays. Il me confie, comme beaucoup de brésiliens auparavant, sa déception avec Lula. Toutes ces années de lutte pour, une fois arrivé au pouvoir, ne pas changer grand chose à la vie courante d'une majorité de brésiliens. Aux grands discours fait souvent place le pragmatisme : la marge de manoeuvre de Lula, entre le FMI et les grands propriétaires n'est pas énorme. C'est difficile à accepter. La route que nous empruntons se faufile entre des parcelles d'eucalyptus bien alignés. L'eucalyptus est un arbre qui pousse vite et haut, les papetiers l'ont compris depuis bien longtemps. Malheureusement, c'est au détriment du paysage, très monotone. Nous roulons jusqu'à tard dans la nuit et finissons par nous arrêter sur une aire, au milieu d'autres camions. Luis va dormir dans sa cabine, il me propose la soute à bagages, sous le camion. Je ne suis plus à cela près, je me couche à même les planches et m'endors aussitôt.